New York peut-elle devenir une ville sans voiture ?

Pour un grand nombre de New-Yorkais, c’est une question dénuée d’intérêt. En effet, 54 % des ménages ne possèdent pas de véhicule. Cette part augmente dans les quartiers où la population et le trafic sont les plus denses, comme à Brooklyn où 56 % des ménages n’ont pas de voiture, et à Manhattan, où le taux bondit à 76 % de ménages sans voiture. Même dans les arrondissements et les quartiers où le taux de motorisation est plus élevé, l’utilisation de la voiture comme moyen de transport principal reste assez faible. La majorité des ménages du Queens possèdent une voiture, mais 52 % des travailleurs de l’arrondissement continuent d’utiliser les transports en commun. 

Ces résidents du Queens qui possèdent une voiture, mais qui utilisent les transports en commun, savent intuitivement que la voiture et la ville ne font pas bon ménage : lorsqu’il existe de meilleures solutions — qu’il s’agisse du métro, des bus ou du vélo personnel — les gens les choisissent. Le problème, bien sûr, est que ces solutions ne sont pas toutes disponibles dans tous les quartiers. Et, dans une ville aussi grande que New York, il n’est pas nécessaire qu’un gros pourcentage de gens choisissent de se déplacer en voiture pour rendre la vie désagréable à tous les autres.

Heureusement, pendant les dix à douze dernières années de profonds changements se sont produits dans le paysage urbain de la ville : des zones piétonnes de Times Square en 2009 au lancement de Citi Bike en 2013. C’est comme si chaque semaine naissait une nouvelle piste cyclable, un trottoir élargi, une nouvelle station de vélo en libre-service, un couloir de bus, ou toute autre amélioration qui profite non seulement aux personnes qui on choisit de vivre sans voiture, mais qui permet aux autres de renoncer plus facilement à la leur (ou, au moins, de laisser les clés à la maison).

 
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Ces résidents du Queens qui possèdent une voiture, mais qui utilisent les transports en commun, savent intuitivement que la voiture et la ville ne font pas bon ménage.
 

La bonne nouvelle, c’est qu’en dépit des poussées occasionnelles du bikelash qui peuvent accompagner la transformation des rues, la population approuve de tels changements ; elle en veut même davantage. Un sondage récent commandé par l’association Transportation Alternatives a montré qu’un pourcentage record de New-Yorkais est favorable à l’augmentation du nombre de pistes cyclables et à l’élargissement de l’accès à des pistes cyclables sures, même si cela implique de réduire le nombre de places de stationnement. Les repas en plein air qui ont occupé des milliers de places de stationnement pendant la pandémie, sont devenus si populaires qu’ils rappellent une boutade du légendaire attrapeur des Yankees de New York, Yogi Berra : « Il y a tellement de monde que plus personne n’y va ».

En dépit de ces progrès, lorsque je regarde Londres ou Paris, un autre dicton me vient à l’esprit : « l’herbe est toujours plus verte ailleurs ». En lisant les nouvelles sur le projet de Londres d’augmenter l’espace dédié aux piétons dans la City, ou en observant le leadership de la maire de Paris Anne Hidalgo, et ses efforts pour construire des centaines de kilomètres de pistes cyclables, il est difficile de ne pas penser que New York n’avance pas assez vite dans la course à la suppression des voitures. New York aime à se considérer comme la ville la plus importante du monde. Allons-nous vraiment laisser d’autres villes nous dépasser sur une piste que nous, New-Yorkais, pratiquons depuis toujours ?

Je suis reconnaissant de l’occasion qui m’est donnée de participer à la campagne « Mégapoles sans voitures » et de créer l’émulation qui permettra à ma ville natale d’être la meilleure version possible d’elle-même.

Doug Gordon

 
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Emma Kemp